LE BON AIR

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Saint-Barth Essentiel, Bienfaitrice par nature ?!

Entre Saint-Barthélemy, les Antilles et Paris, Hélène Bernier ne ménage pas ses efforts… Soutenue par les nombreux membres de son association, portée par de belles et nécessaires convictions, elle se démène pour la préservation de la nature et le maintien de la culture de son île qu’elle chérit tant. Entrevue avec la directrice de Saint-Barth Essentiel, femme de passion et d’action.

Hélène, pouvez-vous brièvement nous présenter votre association ?

H. Bernier : Saint-Barth Essentiel a été créée en juin 2009. Elle a pour mission de défendre, transmettre, développer les intérêts historiques, culturels, environnementaux et patrimoniaux de l’île de Saint-Barthélemy par le biais d’actions, d’événements et de divers ateliers de formation et d’information.

Nous sommes six membres récurrents et quelques 90 membres qui souscrivent chaque année à notre cause et nous apportent également main forte.

Je pense notamment à Sylvie qui s’occupe du site web, à Françoise qui est chargée de la rédaction et des démarches officielles, à Nathalie et Christine qui s’investissent davantage dans la partie comptable, à Arlette qui nous aide énormément pour l’histoire (elle est un trésor d’informations et une référence incontestée), à Jean-Philippe qui sait convaincre les gens de nous soutenir et de nous apporter leur contribution financière ou logistique, sans quoi rien ne serait possible… Je les remercie, ainsi que les membres qui se rendent disponibles pour des actions ponctuelles louables, par exemple lors des 4h pour la terre ou des 4h pour nettoyer les abords des routes de l’île (dernièrement, la soixantaine de personnes rassemblées sur le terrain a permis le ramassage de deux tonnes de déchets).
En 2009, pensiez-vous que l’association prendrait un si bel envol ?

H. Bernier : Non, nous n’avions pas du tout imaginé l’ampleur…

Initialement, j’avais simplement créé un groupe sur Facebook dans l’idée de montrer le vrai Saint-Barth, c’est-à-dire sa véritable âme (les cases traditionnelles, les vieux murs de pierres, la flore, la faune…). Les habitants et les personnes qui avaient séjourné sur place suffisamment de temps pour se sentir intimement liées à l’île, se sont alors pris au jeu de publier leurs photos anciennes, partager leurs souvenirs, leurs expériences…

Tout cela nous a mené à organiser des vidéo-projections qui on réuni dès le départ quelques 400 personnes venues pour échanger sur des thématiques variées. Voilà pourquoi nous avons été ensuite contactés par le service social de la Collectivité pour qu’un livre/album répertoriant ces bribes de bonheur soit édité. C’est ainsi que Saint-Barth Essentiel est née.

Puis, très vite, notre rôle s’est intensifié : suite aux dépôts de projets immobiliers de grande échelle auprès de la Collectivité, nous avons mobilisé toute notre énergie pour la sauvegarde de notre île. Grâce au soutien indéfectible de tous les membres de l’association, des pétitions ont été signées, permettant d’enrayer les desseins d’urbanisme qui allaient détruire les zones naturelles de l’île. Cette étape nous a obligé à nous renseigner sur les espèces endémiques qu’il était vraiment indispensable de sauvegarder et c’est ainsi que nous avons initié dans la foulée le vaste programme d’inventaire de la faune et flore locales en collaboration avec des scientifiques renommés du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.

Quels sont les projets notoires qui ont, ou qui vont, développer la notoriété de votre association ?

H. Bernier : Grâce à l’implication assidue et grandissante de nos membres, la plupart de nos actions sont couronnées de succès.

Je porte une attention toute particulière à la pétition pour la préservation des zones naturelles, qui est à l’heure actuelle notre plus belle réussite. En effet, malgré les obligations légales en matière de pétition des électeurs, le Président du Conseil Territorial a laissé aller les choses. Et ce n’est que suite à une action devant le Tribunal Administratif que la situation a avancé en notre faveur…

Je suis aussi comblée qu’on puisse mettre en place, sur les trois prochaines années, un protocole de travail avec les meilleurs spécialistes de l’arc antillais pour concrétiser la réalisation d’un herbier renforcé d’annexes photos et de fiches expliquant la liste rouge des espèces menacées de Saint-Barthélemy. S’en suivra un inventaire floristique et faunistique complet. Le but ultime serait de consacrer un muséum d’histoire naturel propre à Saint-Barth mais aussi de publier un livre dédié à la flore indigène locale.

Avez-vous des partenaires ?

H. Bernier : Oui, l’hôtel Le Toiny soutient l’association depuis le début et contribue à sa bonne santé financière. Air France nous a également rejoint en 2011 : la compagnie prend en charge le voyage des scientifiques qui viennent de Paris pour nous aider. L’hôtel Le Guanahani aussi nous rend énormément service en proposant des hébergements gratuits. De même pour la société Turbé Car Rental qui nous procure des voitures en location à moindre coût. Beaucoup d’autres partenaires, qui ne veulent pas être cités, nous apportent une grande aide… Qu’ils en soient remerciés.

Quels sont vos objectifs à plus ou moins long terme ?

H. Bernier : Nous travaillons en ce moment à la rédaction d’un livre/album qui, comme je l’ai déjà souligné, sera dédié à Saint-Barth de 1900 à 2010. Il évoquera l’île d’hier à aujourd’hui, au fil de photos commentées et d’anecdotes collectées auprès des anciens. Il sortira en décembre. Les bénéfices de la vente serviront à financer un bus qui pourra transporter les personnes âgées qui souhaiteraient se détendre et rompre avec leur quotidien, en assistant, par exemple, aux fêtes et aux manifestations organisées par la Collectivité.

J’espère aussi grandement que notre contribution dans les domaines de l’environnement, du patrimoine, de la culture et de la vie de tous les jours à Saint-Barth, nous permettra de devenir bientôt une association reconnue d’utilité publique.

Peut-on dire que l’association s’inscrit en parallèle des grands projets culturels et environnementaux de l’île, qu’elle les initie, les encourage, les soutient ?

H. Bernier : Voyez-vous, je suis vraiment attachée à mon île, à son identité et à ses spécificités. J’espère donc que mon combat pour la défendre pourra nous épargner l’uniformisation stérilisante de la mondialisation. Mon souhait, c’est que l’âme de Saint-Barthélemy, ainsi que les différences qui la caractérisent, demeurent encore longtemps appréciées de ses habitants et de ses touristes qui aiment invariablement y revenir.

Voilà aussi pourquoi je souhaite sincèrement que nous puissions davantage participer aux projets que la Collectivité prévoit pour l’île de Saint-Barthélemy, et que nous puissions travailler ensemble sur des sujets complémentaires. Jusqu’ici, l’association a essentiellement posé le doigt sur des sujets sensibles et cela dérange forcement les dirigeants qui se voient alors dans l’obligation de réagir et rendre des comptes… C’est ainsi que certains dossiers épineux ont pu avancer. Bref, vous l’aurez compris, il nous reste encore de grandes missions à accomplir pour faire bouger les choses…

Quels sont les rendez-vous à ne pas manquer les mois prochains ?

H. Bernier : Avec le programme inventaire qui a débuté en février 2011 et qui se déroule sur trois ans, quatre séjours par an d’une vingtaine de jours chacun seront nécessaires pour répertorier la faune et la flore de l’île (notamment un pendant la saison humide et un autre à l’époque du carême). Durant toute cette période, des conférences et des sorties sur le terrain, ouvertes au grand public, seront programmées. Les prochaines rencontres se dérouleront du 10 au 30 octobre 2011 en présence du botaniste Claude Sastre.

N’hésitez pas non plus à nous rejoindre à Gustavia lors des manifestations planifiées du 26 au 30 octobre à l’occasion de la venue de la Fondation du Patrimoine dans le cadre de l’année de l’outre-mer. En tant que déléguée régionale de la Fondation, je m’occupe de la bonne gestion de cet événement et j’accueillerai les personnalités qui y sont conviées, dont Ministres, Sénateurs, Députés, membres du Conservatoire du Littoral, membres de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, etc.

En début d’année prochaine, du 14 au 19 janvier 2012 (horaire restant à confirmer), à l’espace météo de Gustavia, l’auteur Corine Sombrun animera une conférence peu banale sur l’environnement et le chamanisme…

Chère Hélène, nous vous remercions de votre intervention dans le magazine Bon Air.  Sur quels mots aimeriez-vous conclure cette interview ?

H. Bernier : Au fil du temps qui passe et de nos modestes moyens, je me rends compte du chemin déjà parcouru par l’association et de sa réelle utilité. Mais je sais que nous avons encore énormément de travail pour que Saint-Barthélemy puisse trouver un équilibre viable sur la durée. Il faudra évidemment valoriser nos résultats et mettre en place une communication qui vantera l’île, certes pour ses belles plages et sa gastronomie, mais aussi pour ses spécificités naturelles et son environnement préservé. Je suis persuadée que nous pouvons mettre en parallèle l’activité économique et la sauvegarde de notre patrimoine environnemental, culturel et naturel…

L’association prend de plus en plus d’ampleur à Saint-Barthélemy. Elle commence aussi à être connue à l’internationale. Tout ceci est aujourd’hui possible grâce au travail et à l’enthousiasme de nos nombreux membres, au soutien de nos partenaires et aux dons financiers du grand public que je ne saurais assez remercier. Et, parce que Saint-Barth Essentiel ne pourra continuer à évoluer durablement que si les individus s’engagent et se mobilisent, j’encourage un maximum de Guadeloupéens, d’Antillais, de Français et de nationalités diverses à nous rejoindre…

Merci à Air Antilles Express et à l’équipe du Bon Air d’accorder à Saint-Barth Essentiel ces quelques pages. Merci d’avance aux lecteurs qui y donneront suite.

Les membres de l’association s’expriment…

Delphine (Paris) : Je soutiens Saint-Barth Essentiel depuis un an. Je suis une adhérente active, mais n’étant pas sur place, j’agis plutôt dans l’ombre. J’ai connu l’association via Facebook, je m’y suis intéressée puis j’ai rencontré Hélène sur Paris. Touchée par l’ampleur de ses actions, j’ai tenu à la soutenir et à faire de son combat le mien aussi. Je suis consultée pour des avis, j’aide à la rédaction de documents utiles… Bref, je donne de mon temps lorsque cela est nécessaire.

France (Bièvres) : J’apporte mon savoir-faire pour la gestion des collections en animant le groupe de travail dont j’ai la responsabilité. J’accompagne mon mari, Claude, botaniste au Muséum National d’Histoire Naturelle, aux excursions botaniques, je participe ainsi à la rédaction des observations de terrain (le but final étant l’inventaire de la flore de Saint-Barthélemy et la mise en évidence d’espèces végétales menacées de disparition). Mes actions entrent dans le cadre de programmes nationaux portant sur le maintien de l’intégralité de la biodiversité sur le territoire national.

Dr Léonide Célini (Université Paris Est Créteil) : Ecologiste, je suis convaincue que des actions locales pour préserver les ressources naturelles contribuent à transmettre aux générations futures une planète en meilleur état. Je suis donc très sensible aux actions que mène Saint-Barth Essentiel pour protéger, conserver et valoriser le patrimoine faunistique et floristique de l’île. En ma qualité de chercheur entomologiste, je lui apporte mon expérience en participant activement à différents programmes de recherches que l’association met en place pour atteindre ses objectifs.

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