Risque cyclonique: de la prévision à la gestion de crise

Risque cyclonique: de la prévision à la gestion de crise

“Le risque cyclonique et ses effets induits dans le bassin caribéen et à Saint Barthélemy ” était le thème de la conférence organisée samedi 2 juin 2018. Une cinquantaine de personnes participait à cet événement animé par Romain MEUNIER, spécialiste de la gestion de crise et ingénieur au sein de la société Predict Services.

Une audience captivée - Salle des festivités, capitainerie de Gustavia
Une audience captivée – Salle des festivités, capitainerie de Gustavia

A l’entrée de la saison cyclonique 2018, cette conférence avait pour objectif de dresser un état des lieux de la problématique cyclonique et de sa gestion dans le bassin caribéen et plus spécifiquement sur le territoire de Saint Barthélemy.

Rappel des points clés de la conférence ci-dessous.

Il est important de rappeler qu’un Ouragan peut générer plusieurs effets sur l’île :
Vents forts : la force du vent et les changements brutaux de direction et d’intensité. Les vents maximaux soufflent dans le mur de l’œil. Certains effets de sites peuvent accroître l’impact du vent. Ce risque concerne toute l’île
Pluies torrentielles : inondations, glissements de terrain, coulées de boue, éboulis, crues et débordement de ravines. Ce risque concerne les points bas, les zones urbanisées et les zones de fortes pentes.
Houle cyclonique : Au cœur du cyclone, les vents violents génèrent par frottement avec la surface de la mer des vagues énormes pouvant atteindre 10 à 20 mètres de hauteur.
Marée de tempête : élévation anormale du niveau moyen de la mer associée au passage du cyclone. Elle est maximale juste à l’avant de l’œil.
Ces deux derniers phénomènes concernent les zones côtières de basse altitude.

Comment mieux anticiper un cyclone et mieux s’en prémunir ?

Depuis les années 1980, la puissance de calcul croissante des ordinateurs et la collecte de mesures ont renforcé la fiabilité des modèles de prévisions cycloniques. L’arrivée de l’imagerie satellitaire a par ailleurs considérablement amélioré l’analyse du développement et de l’évolution des cyclones.

A l’échelle de l’île, il est également possible d’améliorer la résilience. Celle-ci participe à la prévention et de la réduction des catastrophes en s’attachant à rendre la population actrice, tant des actions de réduction des risques que du devenir des territoires. Elle consiste en:

  • la capacité d’adaptation et d’organisation d’un territoire pour lui permette d’anticiper et d’affronter au mieux des événements dommageables,
  • mais aussi en la capacité d’apprentissage collectif et individuel afin de mieux s’adapter face aux cyclones.

La résilience est un processus continu et évolutif dans le temps. Elle nécessite de tirer des leçons et si besoin, d’apporter des ajustements à l’organisation du territoire.

 

Quel lien entre l’activité cyclonique et le changement climatique ?

Première observation : Le nombre de cyclones observés en 2017 –17 systèmes tropicaux baptisés, dont 10 ouragans et 6 ouragans majeurs- est bien au-dessus de la normale de ces 30 dernières années établie à 12 tempêtes tropicales, 6 ouragans et 2 ouragans majeurs en moyenne. Cela fait donc de la saison 2017 une des 10 saisons les plus actives de l’histoire météo connue. Néanmoins, si 2017 a été intense en Atlantique nord, ce n’était pas le cas les années précédentes. Rien ne permet donc aujourd’hui de tirer des conclusions sur l’activité de la saison 2018.

Deuxième observation : 2017 était une saison exceptionnelle en terme de puissance et d’intensité cyclonique. Septembre 2017 établit ainsi un nouveau record de cumul mensuel d’énergie cyclonique dans l’Atlantique, en raison notamment de la durée des épisodes. Ce mois est même devenu le mois le plus actif de tous les temps!

A cet égard, l’ouragan Irma, resté en catégorie 5 pendant plus de trois jours (avec des vents à 295 km/h en moyenne pendant 36h -un record mondial- et des rafales estimées à 350 km/h), illustre parfaitement les projections du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)  : « il est probable que sur le plan mondial, la fréquence des cyclones tropicaux va se réduire ou rester la même pour l’essentiel, parallèlement à une augmentation probable de la vitesse maximale des vents et de l’intensité des pluies imputables aux cyclones tropicaux. »

Toutefois, même si une tendance semble se dessiner au sein de la communauté scientifique, les scientifiques restent très prudents dans leurs projections. Car le manque de visibilité historique des cyclones et la faiblesse de données fiables rend difficile l’éventuelle corrélation entre les facteurs anthropiques de l’évolution du climat et l’activité des cyclones tropicaux.


Romain Meunier travaille au sein de la société Predict Services, filiale de Météo France. Spécialiste des problématiques d’inondation, de tsunami et de cyclone, il se consacre plus spécifiquement aux  Antilles. Il a notamment participé au projet Tsunahoule, un programme de recherche sur les problématiques de submersion causées par la houle cyclonique et les tsunamis, en partenariat avec l’université des Antilles et plusieurs communes de Martinique et de Guadeloupe. Il a également participé à la réalisation du Plan Communal de Sauvegarde de la ville du Gosier.

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